La victoire au bout du chemin

L’histoire commence en classe de première pour Antonin. Bon élève en Première Métiers du Commerce et de la Vente (1MCVA), il dispose selon moi de nombreux atouts pour participer au Concours Général des Métiers : ouverture d’esprit, curiosité, écoute, rigueur, persévérance et sens de l’analyse.
Je lui propose, au cours de l’année, de s’y inscrire. Antonin, toujours aussi spontané, me répond immédiatement par l’affirmative avant d’ajouter en souriant : « Mais ça consiste en quoi ? ».
Je lui explique simplement : « C’est un concours prestigieux organisé par l’Éducation nationale, qui récompense les meilleurs lycéens dans leur spécialité. » Il acquiesce à nouveau. L’aventure commence.
La classe de terminale débute, puis silence jusqu’à Noël. En janvier, nous entamons la préparation de la première étape : l’épreuve écrite, d’une durée de 3h30. Ensemble, nous reprenons les sujets des années précédentes en mode bachotage. L’épreuve propose une situation professionnelle de niveau BTS, avec des ressources plus denses, un vocabulaire technique plus exigeant, et des consignes plus ouvertes.
Nous travaillons alors sur l’exploitation des documents, la compréhension fine des attentes, la rigueur des formulations. Antonin est à l’écoute, volontaire, et poursuit ses révisions pendant les vacances de février.
L’épreuve se déroule au lycée Louis Guilloux à Rennes. Antonin en ressort confiant.
En avril, les résultats tombent : sur 217 candidats, seuls 8 sont sélectionnés pour la phase suivante. Joie immense, partagée ! Après l’émotion, un simple regard suffit pour comprendre : l’aventure continue, et nous espérons de tout cœur qu’elle ne s’arrêtera pas là.
La seconde étape est plus redoutable. Le 28 mai, Antonin passera l’épreuve orale : quatre heures de préparation d’une situation professionnelle, suivies de 20 minutes de présentation devant un directeur de magasin, avec support PowerPoint, puis un entretien devant un jury de 12 personnes… le tout filmé.
« Simple » à dire, bien plus difficile à vivre.
Nous redoublons d’effort. Cette fois, nous savons que l’enseigne Carrefour est partenaire. Antonin passera devant le directeur du magasin de Chambourcy. Nous menons donc une enquête minutieuse : lectures d’articles, analyse du programme Act for Food, et… terrain. Après des dizaines de coups de fil restés sans réponse, nous décidons de nous rendre directement à Carrefour Cesson. Par chance, nous croisons le directeur du magasin, qui nous oriente vers Emmanuel Hinault, responsable du secteur frais. Accueil bienveillant, échanges concrets : nous repartons motivés et enrichis.
Mais le fond ne suffit pas. Il faut aussi soigner la forme.
Les séances d’oral commencent. Le jury attend une posture de professionnel, pas d’élève. Antonin se prépare, présente ses sujets à Eugénie Jeuland (lauréate 2023), Laurence Botreau et François Lebreton. Tous partagent leurs conseils avec bienveillance. Antonin écoute, s’ajuste, progresse.
Un dernier oral d’entraînement, exigeant, en tête-à-tête… et nous voilà en route pour Paris.
Le 27 juin, direction la capitale. À 18h30, nous sommes attendus au lycée hôtelier Belliard, dans le 18e arrondissement. Tout commence la veille. Accueil solennel, salle somptueuse, invités de prestige : jury, président de la Fédération française du commerce, recteur, inspecteurs. Les candidats arrivent, s’observent. Antonin tire le numéro 7 : pas idéal, il faudra gérer l’attente.
Après les discours, chacun repart avec des cadeaux que nous découvrirons plus tard à l’hôtel. La soirée se poursuit dans une ambiance plus détendue, dîner en ville, légèreté retrouvée.
Le lendemain matin, petit-déjeuner calme. Nous convenons d’éviter les sujets sérieux. Antonin part se préparer. Costume impeccable, posture validée.
À 11h15, il entre dans l’établissement. À 16h45, il en sort, hagard, silencieux. Nous marchons, sans trop parler. À la gare Montparnasse, les mots reviennent peu à peu. Il doute, mais garde espoir. C’est un concours, le verdict est incertain. Nous plaisantons pour relâcher la pression.
Puis vient l’attente. Interminable.
Le 12 juin, à 18h30, Antonin m’écrit :
« Je suis sélectionné, madame. C’est incroyable ! »
Le 10 juillet prochain, nous serons reçus dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne, pour la remise des prix. Lequel ? Suspens...
Au-delà du classement, ce que je retiens, c’est l’aventure humaine. Le lien tissé dans le travail, la confiance bâtie pas à pas, le dépassement de soi. Antonin a su incarner les valeurs de son métier, et bien plus encore : le courage, l’humilité et l’envie d’apprendre.
Comme l’écrivait Saint-Exupéry :
« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. »
Ce concours fut d’abord un rêve… et aujourd’hui, une fierté partagée.
Sylvie Harnois, Professeur de vente

